Abstraction lyrique
Les années d’après guerre ont été marquées par d’intenses débats philosophiques, intellectuels, artistiques. Oublier et reconstruire les deux leitmotiv.
Sur le plan pictural, le tropisme de Paris cristallise, dans cet immédiat après guerre, toute une génération de jeunes talents. Les expositions se multiplient, les anciens Salons se perpétuent et de nouveaux apparaissent.
Dans ce bouillonnement culturel, va se développer un mouvement autour du peintre Georges Mathieu et du critique Jean José Marchand en opposition à l’abstraction géométrique, héritière du Bauhaus, du Groupe Cercle et Carré et de De Stijl. Un mouvement dont le principe a été initié par Kandinsky dès 1910 et une dizaine d’années plus tard par Hans Hartung qui relègue la figure au profit de la forme libre.
Ces deux sources forment l’origine de « l’abstraction lyrique » ou « expressionnisme abstrait » aux États-Unis. Cette abstraction promeut l’importance de la gestuelle du peintre et sa spontanéité à exprimer ses pulsions et son inconscient. Dans le cas de l’école française une attention particulière est portée au lyrisme de la couleur et à la calligraphie.


“Composition” Jacques Germain – gouache sur papier
“Série des Alpilles” Mario Prassinos – encre sur papier
Les premières expositions de peintres abstraits lyriques sont organisés à Paris dès 1947 avec comme chef de file le peintre Georges Mathieu. Celui-ci travaille sur de grands formats et parfois devant un public dans le cadre de performance.
A la froideur présumée de l’abstrait géométrique va s’opposer progressivement la flamboyance de l’abstrait lyrique. Une froideur, objet d’une vive querelle entre Léon Degand tenant et partisan de l’abstrait géométrique (le froid) , du maintien à distance des affects et Charles Estienne qui juge l’abstraction géométrique formelle et sclérosée et tenant d’une peinture exprimant les émotions individuelles du peintre, l’abstraction lyrique (le chaud).
Plus largement, cette expression agrège un ensemble de mouvements picturaux hétérogènes qui s’opposent à l’abstraction géométrique en valorisant la spontanéité de l’exécution , l’engagement physique du peintre dans son travail : nuagisme (Assar, Laubies, Graziani…), art informel (Fautrier, Wols, Millares, Hosiasson…), tachisme (Degottex, Loubchansky,Duvillier…), paysagisme abstrait (Zao Wou Ki, Messagier, John Mitchell,Szenes, Prassinos.)…