La peinture abstraite
L’art abstrait est un art du XXème siècle. Tout en s’appuyant sur des mouvements artistiques antérieurs, il puise sa source dans les dépassements picturaux de ceux-ci et sous l’influence d’artistes pionniers tels Vassily Kandinsky, Kasimir Malevitch, Piet mondrian.
Qu’est ce qu’une peinture abstraite ?
La peinture abstraite s’oppose à la peinture figurative. Elle ne renvoie pas à des choses identifiables ou reconnaissables. La peinture abstraite s’affranchit de toute représentation concrète.
Le tableau se délivre de cette représentation du réel et devient, par là même, un organisme autonome.
Comme dans la peinture figurative, néanmoins, les “tâches” de couleur sont liées les unes aux autres par la composition dont la cohérence, l’unité ou la liaison relève d’une certaine intentionnalité.
La peinture abstraite se distingue également du panneau mural décoratif par la différence à établir entre valeurs esthétiques et valeurs artistiques.
Histoire de l’art abstrait
Comme nous l’avons précisé plus haut, l’art abstrait puise sa source dans des dépassements picturaux de mouvements antérieurs.
Paul Cézanne, dans l’oeuvre intitulée “le jardin des Lauves”, circa 1906, propose, sans rompre toutefois le dialogue avec la nature, une vision abstraite.
Sont mélangées sans égard, pour la nuance et la vraisemblance, les teintes du ciel et de la terre. Les formes semblent flotter à la surface du tableau.
Les expérimentations cubistes de Georges Braque et de Pablo Picasso font des émules.
Le cubisme se ramifie. Sa diffusion internationale et ses infléchissements conduisent progressivement à redéfinir le rapport entre peinture et réalité jusqu’à la rupture totale et complète avec le monde extérieur. De la déconstruction du regard au dépassement de la représentation : tel est l’apport du mouvement cubiste à l’art abstrait.
Ainsi, les oeuvres de Vladimir Tatline prennent un tournant radical. En 1913, Il visite l’atelier de Picasso et y voit les “reliefs”. De ces constructions tridimensionnelles Tatline en tire des conclusions abstraites et produit en 1914 des assemblages abstraits d’éléments géométriques “reliefs picturaux”. en savoir plus sur le constructivisme de Tatline.
Concomitamment, Kazimir Malevitch fonde le suprématisme. Peinture libérée de toute représentation. L’emblème le plus représentatif de ce courant est le fameux “carré blanc sur fond blanc”, 1918. Contrairement à Piet Mondrian qui abstrait progressivement les formes à partir de la réalité, Malevitch rejette tout rapport avec la réalité et cherche à rendre compte d’un monde transcendant.
Frantisek Kupka définit une abstraction géométrique notamment au travers de la série de toiles “Étude pour le langage des verticales”, 1911. Une verticale répétée en une série de parallèles divise l’espace et, par le jeu de l’assemblage des couleurs génère des rythmes et nous délivre une musique picturale.
Le tournant historique de la peinture abstraite ainsi que le qualificatif “abstrait” en revient à Kandinsky. Une aquarelle datée de 1910 et portant au dos l’inscription “aquarelle abstraite” a longtemps été considérée comme la première œuvre abstraite. Des experts estiment, cependant, sa datation à 1913 et, que cette aquarelle serait une esquisse préparatoire à une huile sur toile.
Une peinture astraite : deux tendances antagonistes
Dans le bouillonnement culturel parisien de l’après seconde guerre mondiale, se développe, autour du peintre Georges Mathieu et du critique Jean José Marchand un mouvement pictural, en opposition à l’abstraction géométrique. Une vive querelle opposera, au milieu des années 50, les tenants de ce mouvement avec pour chef de file Charles Estienne (critique d’art, 1908-1966) aux partisans de l’abstrait géométrique emmenés par Léon Degand (critique d’art, 1907-1958).
L’abstraction géométrique
Héritière du Bauhaus, du Groupe Cercle et Carré et de De Stijl, la visibilité de cette tendance, en France, coïncide avec la création du Salon des “Réalités nouvelles”, 1946, pouvoyeur à ses débuts de “géométristes”.
Cette montée de l’art “construit” sera soutenue par des critiques tels Léon Degand, Michel Seuphor et des galeristes, Denise René notamment.
Qualifiée de froide et sclérosée par ses détracteurs l’abstraction géométrique se caractérise par la simplification des formes et l’organisation, une composition quasi mathématique des compositions et une distanciation des affects.
Parmi les artistes de cette tendance, l’on peut citer Auguste Herbin, Jean Dewasne, Victor Vasarely, Geneviève Claisse, Aurélie Nemours, Richard Mortensen……….
L’abstraction géométrique trouve un prolongement dans l’Op Art et dans l’Art concret de l’artiste Suisse Max Bill.
L’abstraction lyrique
En 1947, l’exposition “L’imaginaire” à la Galerie du Luxembourg fait émerger une abstraction qualifiée de lyrique.
Cette abstraction promeut l’importance de la gestuelle du peintre et sa spontanéité à exprimer ses pulsions et son inconscient.”
Une peinture d’action”, équivalent français de l'”action painting”
Dans le cas de l’école française une attention particulière est portée au lyrisme de la couleur et à la calligraphie.
De façon plus générale, cette expression agrège un ensemble de mouvements picturaux hétérogènes, opposés à l’abstraction géométrique, valorisant l’engagement physique du peintre : nuagisme, art informel, tachisme , paysagisme abstrait.